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 - HYDROPONIE ET AUTONOMIE ALIMENTAIRE

SOURCE : "LE CRDI Explore"

Note : 3.2/5 (14 notes)

 


 Agriculture Urbaine - Autonomie alimentaire
par Luc J.A. Mougeot

 

DES RETOMBÉES INESTIMABLES

On peut affirmer que l'agriculture urbaine apporte aujourd'hui l'indépendance alimentaire à plusieurs mégalopoles. Dans certains grands centres d'Amérique latine, un tiers de la demande horticole est comblée par les villes. Kathmandou, Karachi, Singapour, Hong Kong, Shanghai et d'autre villes chinoises produisent entre 25 et 85 % de leurs fruits et légumes; Hong Kong, Kampala et Singapour élèvent entre 70 et 100 % de leur volaille. Certaines villes exportent même leurs produits.

Bien que les avantages tirés de ces activités, pourtant modérées, apparaissent évidents, les politiques de développement entretiennent la dichotomie entre villes et campagnes et affament sans raison les villes. En 1980, la moitié de tous les aliments consommés dans les PVD étaient pourtant importés. Ce qui permet de douter de l'efficacité des systèmes d'approvisionnement. L'agriculture dans la ville offre aujourd'hui la possibilité de comparer les avantages respectifs des zones rurales et urbaines quand il s'agit de combler les besoins croissants des citadins et de les approvisionner, en toute sécurité et à bon marché. Outre ses bienfaits pour la nutrition et la santé, cette agriculture est créatrice de revenus et source d'économies.

Pour la population à faible revenu, l'autoculture représente une part importante de la ration alimentaire d'un ménage. Selon le revenu, les aliments cultivés sur les lopins de terre constituent entre 18 et 60 % de la consommation à Djakarta-Est, Dar es-Salaam et Kampala. Cette production domestique permet aux coopératives familiales d'Addis Abeba et aux pauvres de Dar es-Salaam d'économiser, respectivement, entre 10 à 20 %, et 37 % de leur revenu. En Bolivie, l'alimentation en milieu urbain procure aux femmes productrices un tiers de leur revenu total. Aucune recherche n'a cependant analysé en profondeur l'incidence de l'agriculture urbaine sur l'état nutritionnel des ménages; les données disponibles sont toutefois encourageantes. D'après une enquête de l'UNICEF en 1981 auprès des couples avec enfants dans 13 districts de Kampala à faible revenu, le recours partiel à la production alimentaire urbaine explique pourquoi l'aide alimentaire a été interrompue malgré le marasme économique.

Bref, les stratégies urbaines conventionnelles doivent être réévaluées en fonction de la possibilité pour les ménages à faible revenu, et grâce à l'agriculture urbaine, de jouir d'un niveau de vie équivalent à celui souhaité par les programmes de subvention alimentaire. On y parvient même à un moindre coût; mieux encore, s'y ajoutent de nombreux avantages.

DE LA PLACE, BEAUCOUP DE PLACE

Des études révèlent que la surface consacrée à l'agriculture dans les villes est beaucoup plus importante que celle indiquée par les plans d'aménagement. Selon les chiffres officiels, par exemple, près de 60 % de la surface du grand Bangkok, dans les années 1980, était consacrée à des activités agricoles: sols impropres à la construction ou non exploités, terres et plans d'eau inutilisés par les pouvoirs publics, et lopins de terres familiaux. L'agriculture urbaine n'empiète donc pas sur les lots aménagés mais utilise des surfaces exigu‰s, inaccessibles, non viabilisées, dangereuses ou vacantes.

La souplesse d'adaptation de l'agriculture urbaine est tributaire des multiples systèmes d'exploitation agricole et des progrès de la sélection qui permettent de tirer le meilleur parti des contraintes et des ressources sur les emplacements disponibles. Une enquête du PNUD a recensé plus de 40 systèmes d'exploitation dont l'aquiculture, l'horticulture, l'élevage l'agroforesterie, l'élevage du ver à soie et la culture des herbes médicinales et culinaires.

L'agriculture urbaine est plus qu'une simple activité de subsistance, un passe-temps ou un commerce en marge de la légalité. La même enquête du PNUD a répertorié sept catégories d'exploitants en milieu urbain, allant de la personne à revenu faible qui voit à la survie des siens, au jardinier de la classe moyenne et à l'exploitant agroindustriel. Une grosse société de Bangkok a recours à 10 000 sous-traitants pour élever des poulets!

Compte tenu des ressources considérables que nécessite cette activité, les immigrants récents venus des zones rurales ne peuvent s'y adonner. Plus de 60 % des agriculteurs de Lusaka ont habité la ville pendant plus de cinq ans avant de cultiver leur lopin; près de 45 % d'entre eux, pendant plus de dix ans. À Lusaka, Nairobi, Freetown, Ibadan et Dar es-Salaam, la majorité des petits exploitants urbains ont attendu au moins cinq ans avant de se lancer dans la culture; beaucoup ont même dépassé ce délai. Ils exercent d'ailleurs, pour la plupart, un autre travail à temps complet ou partiel.

OÙ EST L'INFORMATION?

La recherche sur l'agriculture urbaine exige que, dans la présente décennie, l'on fasse des efforts multidisciplinaires en vue d'élaborer des propositions qui circuleront par les réseaux régionaux et mondiaux. Plusieurs aspects de ce type d'agriculture intéressent les chercheurs. Ils exigent aussi une nouvelle gestion de l'environnement urbain.

Études d'impact comparatives et longitudinales 
De telles études sur les ménages qui exploitent une terre en milieu urbain sont trop peu nombreuses. On doit examiner l'état nutritionnel des populations et les stratégies que les pauvres emploient pour lutter contre l'insécurité alimentaire. Plus généralement, il y a lieu d'établir, entre les villes, des comparaisons méthodiques qui analysent l'incidence de l'agriculture urbaine sur la nutrition, le revenu, l'emploi, la santé, la gestion des déchets et d'autres importantes questions de gestion du milieu.

Techniques adaptées 
L'agriculture urbaine exige des techniques précises et une bonne organisation. Davantage que l'agriculture traditionnelle, elle doit être très intensive et résistante aux agressions environnementales; elle doit mieux réagir aux comportements du marché et faire l'objet d'une surveillance hygiénique. Beaucoup de techniques attestées doivent être adaptées aux exploitations à échelle réduite; tel est le cas de la culture hydroponique et de l'engraissement à l'étable. L'espace exigu exige des technologies appropriées pour obtenir de meilleurs rendements.

Écosystème urbain et paramètres économiques 
Il faut faire une comptabilité plus fine des coûts et avantages de l'agriculture urbaine comme utilisatrice des sols (sans oublier les avantages environnementaux, sociétaux et sanitaires) et comme industrie créatrice d'emplois. Certes, plusieurs méthodes ont déjà évalué la valeur ajoutée à la terre et les économies qui en découlent pour les secteurs privé et public. Ces évaluations viennet confirmer les économies réalisées dans la gestion des terres et les investissements, soit parce qu'on a intégré l'agriculture urbaine dans l'aménagement conventionnel des sols, soit qu'on a attribué des terrains pour l'agriculture urbaine dans les nouveaux lotissements viabilisés.

La quantification des emplois et des revenus associés à l'agriculture urbaine retiendra aussi les chercheurs. Bien que réprimée, la restauration itinérante est, par exemple, une activité florissante qui fait vivre un grand nombre de personnes, très souvent des femmes.

Accès à la terre, crédit et droit de jouissance 
On dénombrait, au cours des années 1980, dans la plupart des grandes villes du tiers-monde, d'importantes surfaces cultivables vacantes ou sous-exploitées: grand Bombay (200 km2), Bangkok (338 km2), Manille métropolitain (203 km2), agglomération de Sao Paulo (600 km2) et Karachi (4 850 ha). Les véritables problèmes demeurent l'accès à la terre et les règlements de zonage. On a pourtant démontré que, en favorisant un tel accès, on incitait les exploitants à étendre leur entreprise et on invitait d'autres habitants à cultiver.

L'agriculture urbaine s'exerce souvent sur des terrains ou des plans d'eau qui posent des problèmes de sécurité, de jouissance et d'usufruit. Il convient en conséquence d'appuyer les pouvoirs locaux, les ONG et les groupes communautaires pour qu'on améliore l'accès à la terre par cession d'usufruit et signature de baux, un zonage flexible, un aménagement agrodomiciliaire, la location des sols et des services bancaires adéquats.

Le crédit agricole est en général inaccessible aux exploitants des milieux urbains, bien que des crédits soient accordés à des commerçants plus pauvres qu'eux et que l'agriculture urbaine présente moins de risques que l'agriculture traditionnelle. Ce refus du crédit entraîne des taux élevés d'échec, des rendements inférieurs et l'intermittence des activités, en plus de bloquer tout investissement dans des systèmes à rendement plus élevé. Il faut donc réévaluer les programmes de crédit au logement et de crédit aux PME, notamment ceux qui s'adressent aux femmes qui dirigent de petites entreprises.

Déchets et risques pour la santé
L'agriculture urbaine pourrait réduire encore plus son besoin en eaux d'irrigation si les systèmes d'évacuation étaient conçus pour recycler localement les eaux usées. Mais l'irrigation avec des eaux non purifiées exige qu'on adapte des techniques, non coûteuses, d'élimination des agents pathogènes et des vecteurs de maladie, et qu'on évalue les risques d'exposition des récoltes à la pollution. Les chercheurs pourraient aussi raffiner la sélection des cultures; convient-il, par exemple, de planter des cultures vivrières ou non?

L'agriculture urbaine utilise déjà les déchets solides de plusieurs manières, mais la pratique devrait être généralisée. La gestion centralisée des ordures peut entraver leur recyclage pour les besoins de l'agriculture urbaine; à l'heure actuelle, les déchets sont jetés sans tri préalable dans une décharge où l'accès est réservé. Enfin, la pollution de la nappe phréatique et du sol par les substances agrochimiques pourrait être contenue par l'emploi d'insecticides biologiques et le recours aux cultures multiples, au compostage et au traitement des déchets.

Équité 
Quelles personnes ont plus de chance de bénéficier de l'essor et de l'amélioration de l'agriculture urbaine? On accordera une attention particulière aux injustices faites aux femmes et aux minorités ethniques. Les migrants, qui sont souvent les principaux agents du transfert technologique, sont fréquemment tenus pour partie négligeable par les groupes dominants dans les structures urbaines d'accueil. Les femmes, pour leur part, représentent peut-être la moitié, sinon la majorité, des petits exploitants urbains, mais très peu d'études se sont penchées sur leurs besoins en agriculture urbaine.

UN ESSOR INTERNATIONAL

Les organismes internationaux accordent une attention croissante à l'agriculture urbaine. Après avoir entrepris une enquête en collaboration avec le East-West Centre sur la pratique de l'agriculture urbaine dans le bassin du Pacifique, le CRDI a organisé, à Singapour, un séminaire sur ce thème. Il a aussi commandé une recherche documentaire exhaustive au Urban Resources Centre en 1984. À la fin des années 1980, tandis que l'UNICEF réalisait divers projets, le CRDI finançait quatre études au Kenya, en Ouganda et en Tanzanie.

À partir de 1988, le programme Food Energy Nexus de l'Université des Nations Unies lançait une série de rapports de recherche sur certains volets de l'agriculture urbaine dans des régions, pays et villes sélectionnés. Des travaux connexes étaient menés à l'instigation du projet Villes et Écologie (PHB/Unesco). Partant de là, le Réseau d'agriculture urbaine du PNUD étendait l'étude à 21 pays en 1991-1992, invitant les organismes intéressés à promouvoir activement le développement de l'agriculture urbaine, y compris la culture par épandage des eaux résiduaires traitées et la culture hydroponique. Les organismes qui composent le système réputé du GCRAI, notamment l'Institut international de recherches sur les politiques alimentaires, analysent le potentiel de l'agriculture urbaine afin d'établir des stratégies de sécurité alimentaire globales. Les ONG qui participent au développement jouent un rôle-clé en agriculture urbaine, surtout en Amérique latine; d'autres organismes s'inspirent de l'expérience et du savoir-faire agricole traditionnel pour mieux épauler son essor.

En 1992, le Réseau radiophonique agricole des pays en développement, basé à Toronto, a préparé quatre scénarios radio- phoniques sur l'agriculture urbaine à être diffusés dans les pays moins avancés. L'UNICEF réexamine ses propres projets afin de préciser ses orientations. Les grands programmes de l'ONU (Ville-santé, sous les auspices de l'OMS; Villes viables, projet conjoint CNUEH/PNUD/BM) procurent le cadre opérationnel qui permettra à la recherche en agriculture urbaine de déboucher sur une meilleure gestion du milieu. Depuis le début de 1993, le Programme de gestion de l'environnement urbain du CRDI, se concentre sur les liens eau-déchets-agriculture en milieu urbain.

Les représentants de divers organismes et des spécialistes du Nord et du Sud se sont réunis au siège du CRDI à Ottawa, au milieu de l'année, pour définir les besoins en information et les mécanismes de collaboration. Le Centre a consacré près de un million de dollars canadiens pour des projets, en cours d'exécution, sur la production agricole et la nutrition en milieu urbain. De nombreuses études se sont déjà penchées sur les liens entre traitement des déchets et recyclage à des fins agricoles; d'autres ont analysé les systèmes urbains de distribution alimentaire.

    Pour obtenir un exemplaire de l'article complet avec ses références et sa bibliographie, écrivez à l'adresse suivante: Le CRDI Explore, BP 8500, Ottawa, Canada K1G 3H9, ou envoyez un message électronique à mag@idrc.ca.

     


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